Pénibles conditions de vie des enfants de la rue en République Centrafricaine
Depuis des décennies, la situation des enfants vivant dans les rues en République centrafricaine (RCA) ne connaît guère d’amélioration. Aujourd’hui, aucun chiffre officiel n’est disponible sur le nombre d’enfants de la rue à travers le pays. Dans la ville de Bangui, capitale de la RCA, le quotidien de ces mineurs est marqué par de nombreuses difficultés.
Ces enfants, il en existe par milliers en RCA. Leur âge varie de 7 à 15 ans. Plusieurs enfants en situation difficile, inondent les rues, les centres commerciaux et certains coins de la ville de Bangui et ses périphéries dans l’objectif de mendier, charger les véhicules ou encore travailler chez les gens pour avoir à manger. Parfois, leurs conditions de vie sont défavorables, car la maltraitance, la bastonnade ou l’utilisation des stupéfiants sont le sort qui leur est réservé au quotidien.
Pour la plupart innocents et naïfs, ces enfants vivent le calvaire au quotidien. Ils sont régulièrement exploités et parfois marginalisés par des honnêtes personnes. Certains de ces enfants ont pris conscience de leur situation et tentent de changer leurs conditions de vie.
Nous avons sillonné les coins chauds de la capitale pour voir dans quelles conditions vivent ces enfants. Une fillette de 10 ans, rencontrée au marché du Km5, le grand centre commercial du pays a connu la rue il y a trois mois. Elle nous raconte sa mésaventure. « Je suis orpheline et c’est ma tante qui m’a récupéré. Elle me maltraite beaucoup, elle refuse que j’aille à l’école, c’est pourquoi j’ai fui pour dormir dehors avec les autres enfants. Nous dormons à même le sol sur les morceaux des cartons, nous demandons aux gens de nous donner à manger. Si je suis malade, je demande aux passants de me payer des médicaments. Une association a promis me récupérer et j’attends », a-t-elle raconté.
Le cas de ces enfants touche Mahamat Tidjiani, commerçant au KM5. « Je suis toujours sidéré quand je vois ces enfants qui traînent dans les rues, exposés à des piqûres de moustiques, des fouets des gens et livrés à la consommation des produits stupéfiants. Et la plupart de ceux que je rencontre disent avoir été maltraités par les membres de leurs familles après le décès de leurs parents. Pourtant, il y a des organisations qui disent vouloir défendre les droits des enfants, mais on les voit tout le temps dans les rues et leur effectif augmente de jour en jour. J’invite les autorités à veiller à ce que ces derniers soient campés et pris en charge, ce sera une bonne car c’est l »avenir du pays», a-t-il souhaité.
Il existe bien-sûr des associations qui œuvrent pour la protection de ces enfants et des centres de prise en charge. Mais, ces organisations sont dépassées par la présence massive de ces enfants et tentent avec les moyens de bord pour s’occuper de ces enfants dans la rue.
Délice, un ancien enfant de la rue qui nous a accompagnés explique les étapes de sa réinsertion et plaide pour les autres. « J’ai été récupéré par une église puis la fondation Voix du Cœur pour être formé d’abord en électricité froid. Puis, j’ai passé le test de la Jeunesse Pionnière Nationale pour suivre une formation. Par après, j’étais admis au test de la police municipale et maintenant, je suis devenu policier à la municipalité. Certes les organisations existent mais elles sont limitées dans leurs interventions. Mon appel est que le gouvernement puisse appuyer les initiatives de récupération de ces enfants ainsi que leur réintégration dans la vie normale. », a lancé Délice.
Le code de protection de l’enfant adopté en juin 2020 réserve une protection spéciale aux enfants en situation difficile comme les enfants de la rue et stipule en son article 69 que : « La protection spéciale des enfants en situation difficile se réalise à travers les mécanismes de tutelles tels que prévus par le code de la Famille, le placement social et autres mécanismes de prise en charge appropriés, privilégiant l’intérêt supérieur et l’opinion de l’enfant selon le degré de maturité et son âge ».
Sauf qu’une politique concrète n’est pas en place. Si la place de l’enfant est dans la famille ou à l’école, en RCA, le défi reste majeur pour réduire le nombre de ces enfants qui errent dans les rues et dont leurs droits ne sont pas respectés.
Fridolin Ngoulou