Bénin : l’explosion d’un dépôt d’essence de contrebande fait 36 morts

L’émoi est à son comble.  Le pays tout entier pleure le décès de plusieurs de ses enfants disparus dans un incendie.  C’est la première fois, qu’un drame lié au commerce illicite de l’essence occasionne de lourdes pertes en vies humaines et des dégâts matériels importants. L’incendie a eu lieu le samedi 23 Septembre 2023 à Sèmè Kraké à 40 kilomètres de Cotonou, ville frontalière et porte d’entrée de tous les trafics et échanges commerciaux vers le Nigéria.

Le commerce illicite des produits pétroliers est interdit au Bénin.  L’article 929 du code pénal dispose que « le commerce des carburants notamment : essence super, pétrole, gasoil, mélange de deux (2) temps ainsi que celui des lubrifiants aux abords des rues dans les agglomérations ou tout endroit autre que dans les dépôts et installations de la Sonacop ou des distributeurs agrées sont rigoureusement prohibés.  « Les sanctions encourues par les contrebandiers sont prévues à l’article 930 du même code.  Il s’agit de la confiscation des produits et des moyens de transport, d’une amende représentant le double de la valeur des produits saisis.  Le montant de ladite amende ne peut être inférieur à cent mille (100 000) francs CFA. En outre, le trafiquant encourt une peine d’emprisonnement ferme comprise entre trois (3) mois et trois (3) ans.

A l’origine du drame de Sèmè Kraké, l’explosion d’un entrepôt d’essence de contrebande.  La justice béninoise a ouvert une enquête pour savoir les circonstances réelles de l’incendie.   Pour l’instant, personne n’a été interpellée. Sauf que le propriétaire du dépôt d’essence de contrebande a été identifié.  En attendant les conclusions des investigations, plusieurs sources avancent la thèse d’un accident. C’est au moment du déchargement des produits que l’incendie est intervenu.  Dans la foulée, tous les occupants de l’entrepôt dont la porte était fermée ont été accueillis par les flammes.

Le seul rescapé, un enfant d’environ cinq (5) ans a été découvert quelques heures plus tard sous les décombres des corps calcinés.

Devant l’ampleur des dégâts, le gouvernement béninois annonce des mesures draconiennes. Il ordonne aux préfets des douze (12) départements que compte le Bénin de procéder dans les 48 heures au recensement de tous les dépôts d’essence de contrebande.  Il annonce aussi la reconversion de tous les acteurs intervenant dans le commerce de l’essence de contrebande.  Selon le ministre béninois des Finances et de l’économie, il urge de régler la question de la vente illicite du carburant. A en croire Romuald WADAGNI, c’est une activité dangereuse, illicite et les personnes qui font ce commerce ne le font pas, parce qu’ils veulent s’exposer aux risques liés à la contrebande.  Elles le font, parce qu’elles n’ont pas le choix.  Grâce à un programme de reconversion mis en place, plus de 5 000 personnes ont été formées cette année au métier de textile et travaillent actuellement à la nouvelle zone industrielle sise à GLO DJIGBE.

Wilfrid AHOUASSOU