Tchad : La recrudescence de la criminalité inquiète au plus haut sommet de l’Etat

N’Djaména, la capitale tchadienne fait face depuis de nombreuses semaines à la hausse de la criminalité suscitant de l’indignation et des inquiétudes. Des crimes de toutes sortes sont enregistrés au quotidien dans la ville.

A la veille de ce mois avril, Roger (Ndlr : un pseudonyme pour préverser l’identité de la victime), un employé d’une Ong locale s’est rendu comme à l’accoutumée à bord d’une moto dans une banque de N’Djaména, la capitale tchadienne pour retirer de l’argent. Après le retrait, l’agent sera d’après son entourage suivi puis braqué à quelques encablures du siège de l’organisation, située à Sabangali, dans le 3ème arrondissement de N’Djamena. « Les braqueurs ont tiré à bout portant sur la victime, la blessant au genou droit avant d’emporter une somme de 700.000 francs Cfa – soit 1066,89 euros – », témoigne un cadre de l’organisation non gouvernementale. Malgré la présence des forces de sécurité intérieure dans la ville, les N’Djaménois vivent la peur au ventre. « Chaque, des cas d’assassinats, d’agressions, d’enlèvement, de braquages et autres sont annoncés sur les ondes des radios et les réseaux sociaux », témoigne un père de famille qui a instauré depuis quelques jours des mesures pour toute sa famille. « Nous sommes dans l’obscurité totale depuis presque un mois dans notre quartier. Et dans ces conditions, les bandits de tout genre opèrent sans état d’âme. C’est pour cette raison que j’ai interdit à mes enfants de rester dehors au-delà de 20 heures, même devant la concession », affirme ce sexagénaire, habitant Walia-Ngosso dans la commune du 9èmearrondissement de N’Djaména. Le 30 mars dernier, le représentant de la Banque africaine de développement (BAD) au Tchad a été agressé d’après nos confrères de Nouvelles.Td. Selon ce site d’information en ligne, le diplomate sera assailli devant chez lui et ses effets dont les téléphones portables emportés. Dans le milieu humanitaire, on sonne l’alerte.

Des cas d’agressions sont récurrents ces derniers jours à N’Djaména. A l’image de la capitale, des autres villes du pays sont soumises au quotidien à toutes les formes de criminalité. En dehors des enlèvements contre rançon, la province du Mayo-Kebbi ouest est confrontée à des cas d’agression à main armée, de vol et bien d’autres phénomènes qui portent atteinte à la vie des populations et de leurs biens. Des hommes bien organisés qui se servent tantôt d’armés blanches, tantôt d’armes à feu sèment la panique et terrorisent quotidiennement les populations civiles, n’hésitant pas à ôter parfois la vie de leurs victimes.

Le chef du village Gassara, un village situé dans la commune de Mawa, dans la province du Guerra trouvera la mort dans une attaque attribuée aux présumés coupeurs de route. Hassan Abakar et d’autres personnes de sa circonscription vont tomber dans une embuscade dans la soirée du mardi 2 avril dernier. Les moyens roulant et d’autres objets de valeurs seront emportés par ravisseurs. Le bilan provisoire de ce guet-apens fait état d’un mort et de quatre blessés. « Avant de nous attaquer, l’un d’entre eux a prononcé mon nom et aussitôt, ils ont ouvert le feu sur nous. N’étant pas atteint par les balles, les deux autres agresseurs se sont mis à nous rouer de coup à base de bâton à la tête (…) », a témoigné Brahim Chadallah, l’une des victimes citées par nos confrères de N’Djaména Actu.

L’Undss invite à plus de vigilance

Dans le milieu humanitaire, le sujet inquiète plus uns. Dans une note d’information adressée au personnel du système des Nations-Unies au Tchad en date du 27 mars dernier, le département de la sureté et de la sécurité des Nations-Unies au Tchad a appelé le personnel à la plus grande vigilance. « Il a été noté ces derniers jours une nette recrudescence de la criminalité à N’Djamena. Le modus operandi des bandits consiste à repérer leur cible dans une banque ou guichet automatique, la suivre à moto et l’agresser à sa descente de la voiture, pour chiper leur butin et s’enfuir », précise le document. Cette instance en charge de fournir un appui opérationnel au système de gestion de la sécurité et d’en assurer l’encadrement et la supervision recommande aux travailleurs humanitaires de ne pas avoir sur eux de grandes sommes d’argent et d’éviter les déplacements non essentiels, surtout la nuit.

Une réunion de sécurité

Face à l’ampleur de la situation, le président de transition a convqué le jeudi 04 avril dernier une réunion de sécurité en présence de son Premier Ministre Dr Succès et quelques membres du cabinet présidentiel, ainsi que des hauts responsables militaires. Au cours de ces assises, Mahamat Idriss Déby Itno a ordonné « une mobilisation exceptionnelle de tous les corps de sécurité », et ce, à l’approche de la fête de fin de Ramadan et des prochaines étapes du processus électoral. « Ces forces seront mises en alerte et des plans opérationnels seront rapidement élaborés et mis en exécution », a indiqué le ministre de la Sécurité publique et l’Immigration, Charfadine Margui à la sortie de cette réunion.

Les responsables sécuritaires sont appelés à redoubler d’efforts pour que la tranquillité, la quiétude et l’ordre public ne soient troublés d’aucune manière.

S’il faut saluer les efforts du gouvernement en matière de lutte contre la criminalité, il faut que les mesures concrètes soient prises pour assurer la sécurité des Tchadiens et leurs biens.

Adama Gassi

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page