Tchad : l’inquiétante recrudescence des violences à l’égard des femmes
Assassinats, viol, mutilation, coups et blessures, les cas de violence à l’égard des femmes et des filles se multiplient au Tchad suscitant des vives inquiétudes. Chaque mois, de nombreux cas sont enregistrés un peu partout dans le pays.
Des faits surréalistes dignes des films d’honneur. Orgueil ou Cruauté humaine, l’homme reste au centre de ces atteintes aux droits des femmes et enfants. A 12 ans, Achta (nom d’emprunt) sera d’après son entourage, « enlevée, enchaînée dans un cachot » puis « violée » à Djarbatitak, une bourgade dans la sous-préfecture de Koundjourou, province du Batha. Face, complètement défigurée, les deux bras en lambeau, la fillette aura la vie sauve grâce à ses proches qui vont la récupérer dans une mare de sang. Ironie du sort, c’est donc son beau-père qui sera l’auteur de cet acte horrible.
Vers fin août dans la province du Guera, Halimé, une veuve et mère de deux enfants s’est vue arracher « le nez et l’oreille droite » par son beau-frère (petit frère de son défunt époux) qui « partage désormais sa vie, contre son gré ». « Dame Halimé Annour a perdu son mari et a été remariée de force à son beau-frère, le cadet à son mari », indique le ministère de la femme, de la protection de la petite enfance et de la solidarité nationale. Bien que condamnée par les textes de la République, cette pratique reste monnaie courante dans quelques localités du Tchad. « N’étant pas consentante et vu les multiples souffrances qu’elle endure », Halimé Annour, âgée de 21 ans décide de rejoindre son grand frère », pour mener sa vie. C’est le moment choisi par son « prétendu mari » pour la poursuivre et commettre sa forfaiture. Quelques jours après, la victime sera admise à l’hôpital pour recevoir des soins appropriés « dans l’un des centres intégrés de services multisectoriels » du ministère de la femme. Les centres intégrés installés dans les hôpitaux du Tchad constituent des mécanismes mis en place par le Gouvernement tchadien en partenariat avec Unfpa Tchad pour venir en aide aux femmes victimes de violences. Selon le ministère, le mari criminel « étant en fuite, son frère identifié comme complice par l’enquête fut arrêté par les services compétents ».
Le 22 octobre dernier, un homme, la trentaine a coupé à coup de machette, « deux doigts de la main droite de sa concubine ». Cette scène d’une extrême comme les autres s’est déroulée à dans la sous-préfecture de Béboro, province du Mandoul). Grâce à l’intervention des forces de l’ordre, le présumé auteur sera appréhendé et placé en garde à vue à la brigade de la gendarmerie nationale de la localité. « La victime, transférée dans un hôpital à Koumra, chef-lieu de la province du Mandoul, a ensuite été référée à Bouna, pour passer la radiographie. Les deux vivent en concubinage. Mais, la jeune dame serait excédée par le comportement de son compagnon, qui passe ses journées à consommer de l’alcool », indique nos confrères du quotidien Le Progrès.
Quelques jours plutôt, c’est en pleine capitale N’Djaména, qu’une dame la nommée Lucie, « mariée et mère de 6 enfants » subira le calvaire. « Le dimanche 08 octobre 2023, alors que je rentrais du marché avec l’argent prévu pour inscrire mes enfants à l’école, le père de mes enfants est apparu, réclamant la totalité de la somme. J’ai refusé, ce qu’il n’a pas accepté. Dans la nuit, il m’a violemment agressée avec des coups de bâton à la tête et un couteau », témoigne la victime sur la page Facebook de Moises, un journaliste freelings tchadien. Des récits accompagnés des images quasi insoutenables. « À la suite de cette agression, j’ai perdu connaissance et me suis réveillée à l’hôpital avec 8 points de suture à la tête et des points de suture aux deux jambes. Ma belle-famille n’a pas apporté d’aide, considérant cela comme un simple problème conjugal, alors que c’est la énième fois que ma vie était en danger », ajoute-t-elle. L’auteur de l’acte sera arrêté et placé sous mandat de dépôt « en attendant son procès le 10 novembre » prochain.
D’après des associations de défense des droits de femmes, ces cas ne constituent qu’une partie de l’iceberg. « Des nombreuses femmes se font quotidiennement violentées sans daigner réagir. Il faut la parole se libère et que les autorités judiciaires condamnent sans complaisance des bourreaux », indique une responsable d’une Association de défense des droits de l’homme (Adh).
Adama Gassi