Tchad : Quelle chance pour la démocratie et la paix après la transition ?
Avec un climat d’incertitude qui pèse sur la transition, le résultat aura des implications majeures bien au-delà des frontières du Tchad.
L’état de la transition politique au Tchad n’est pas rassurant. Malgré quelques signes de progrès lors du Dialogue national inclusif et souverain (DNIS) en octobre dernier, les forces de sécurité se sont engagées dans une répression violente des manifestations peu de temps après, tuant des dizaines de civils. Entre-temps, l’actuel président Mahamat Idriss Déby a pris des mesures pour consolider le pouvoir avant les élections prévues pour octobre 2024, ce qui fait craindre à l’opposition et aux groupes civiques que Déby ne remette pas le pouvoir à un gouvernement civil.
Sur le plan régional, le Tchad se trouve également dans une situation précaire. Après l’éclatement de la guerre civile au Soudan voisin en avril, des réfugiés ont commencé à franchir la frontière pour fuir les combats. Au nord, l’instabilité politique de la Libye a eu des répercussions sur la frontière désertique. Au Sahel, l’extrémisme violent continue de menacer la sécurité régionale.
Gondeu Ladiba, de l’Université de N’Djamena, examine les principaux obstacles auxquels se heurte la transition du Tchad à l’avenir, comment elle affecte la région environnante et s’il existe des possibilités de progrès que les États-Unis et les partenaires internationaux peuvent aider à faciliter.
Depuis la prise de pouvoir du Conseil militaire de transition (CMT) en avril 2021, la préoccupation première de ses partisans semble être la conservation du pouvoir plutôt qu’une véritable réconciliation entre les Tchadiens.
La distribution du pouvoir reste personnelle, basée en partie sur les liens claniques familiaux, et a conduit à une augmentation des champs de contestation, des conflits et de la violence. Les institutions de transition tchadiennes semblent prises en étau entre le parti politique actuellement au pouvoir – le Mouvement patriotique du salut (MPS) – et le réseau de soutien tribal, y compris au sein de l’armée, qui entoure le président de transition Mahamat Idriss Déby, les deux parties s’attachant à préserver leur propre pouvoir tout au long de la transition.
Il s’agit d’une erreur fondamentale, surtout si l’on considère l’instabilité de l’environnement sécuritaire au Tchad et dans la région.
Ceux qui refléchissent à l’après transtion au Tchad devront faire preuve de patience et de persévérance pour voir leur rêves devenir réalité.
Maxime Massa