Burkina Faso : fin de la suspension de la Radio Omega
Le gouvernement du Burkina Faso, dirigé par la junte, a déclaré que l’une des stations de radio les plus populaires du pays pourrait reprendre ses émissions lundi (11 septembre) après avoir été suspendue pour avoir diffusé une interview jugée « insultante » pour les nouveaux dirigeants militaires du Niger.
La Radio Omega, qui avait été interdite d’antenne le 10 août dernier, a vu sa suspension levée, a annoncé dimanche 10 septembre le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Rimtalba Jean-Emmanuel Ouedraogo, dans un communiqué.
Le gouvernement a « examiné avec beaucoup d’attention » la demande formulée par l’Observatoire burkinabé des médias (OBM) à la suite d’une requête de Radio Oméga, a-t-il déclaré.
Il a écouté « l’argument selon lequel ‘l’équipe de la radio a tiré les leçons de cette sanction' », a-t-il ajouté.
Le gouvernement reste attaché à la liberté d’opinion et de presse, ainsi qu’à l’exercice « responsable » de la profession de journaliste, a déclaré le ministre dans son communiqué de dimanche.
Soulignant néanmoins aux organisations de médias « l’exigence d’un discours médiatique qui ne compromette pas les chances de notre victoire collective contre les forces du mal et la domination des peuples du Sahel ».
Radio Omega a diffusé le 10 août une interview d’Ousmane Abdoul Moumouni, le porte-parole d’un groupe nigérien nouvellement créé qui fait campagne pour le retour au pouvoir du président Mohamed Bazoum.
Le dirigeant élu du Niger a été renversé le 26 juillet par des membres de la garde présidentielle.
M. Moumouni a tenu des « propos insultants à l’égard des nouvelles autorités nigériennes », a déclaré le ministre Ouedraogo au moment de la suspension de la chaîne.
Il avait alors déclaré que cette suspension était « dans l’intérêt supérieur de la Nation ».
Radio Omega fait partie du groupe Omega Media, propriété du journaliste et ancien ministre des affaires étrangères Alpha Barry.
Le Burkina Faso a connu deux coups d’État militaires l’année dernière, chacun déclenché en partie – comme au Mali et au Niger – par le mécontentement face à l’incapacité d’endiguer une insurrection djihadiste qui fait rage.
Le Burkina Faso s’est rapidement déclaré solidaire des nouveaux dirigeants du Niger et a rejoint le Mali en avertissant que toute intervention militaire visant à rétablir Bazoum serait considérée comme une « déclaration de guerre » à leur encontre.
Au cours des derniers mois, les autorités burkinabés ont suspendu les chaînes de télévision françaises LCI et France24, ainsi que Radio France Internationale (RFI), et expulsé les correspondants des journaux français Libération et Le Monde.
Eric Koné