Tchad : plus de 13 féminicides enregistrés en 2023

En l’espace d’à peine de trois mois, au moins 14 cas de meurtre ont été commis à l’endroit de la junte féminine. L’un des derniers cas en date du 17 mars dernier a suscité l’indignation des organisations féminines et de défense des droits de femme qui dénoncent un « féminicide de trop ».

Samedi 25 mars. Sous un soleil de plomb avec une température à 54°C, de nombreuses femmes, certaines vêtues de noir, «signe de deuil» et d’autres au foulard rouge, «symbole du sang», accompagnent un cortège funèbre sous des chants religieux et en larmes vers l’Eglise évangélique au Tchad no 12 (EET12), situé à Dembé, dans le 6ème arrondissement de N’Djamena. Ces femmes et hommes rendent, dans le recueillement un dernier hommage à Boumnodji Félicité, une mère de 3 enfants, mortellement poignardé selon ses proches sur fond d’altercation avec des propriétaires de bétails le 17 mars 2023 alors qu’elle s’était rendue sur son terrain à Lota, une bourgade située à la sortie ouest de N’Djamena. De nombreuses militantes des droits de femmes ont dénoncé «un féminicide de trop» et parlent d’un «assassinat». Sur les pancartes brandis, on peut lire : « justice pour Félicité», «nous sommes la vie», «non à l’impunité» «éduquer vos fils»… « C’est de la cruauté. Quel qu’en soit le problème, cela ne peut pas entraîner la perte de la vie humaine, surtout qu’elle (Ndlr : la victime) avait une petite fille avec elle. Que ces assassinats cessent et que le gouvernement qui est garant de la sécurité prenne sa responsabilités », fustige Djélar Nodjim Olympe, représentante des femmes. « La vie humaine », estime-t-elle « n’a plus de valeur au Tchad. Il y a des gens qui peuvent librement ôter la vie à d’autres sans être inquiétés ».

Dans un contexte de violation constante des droits de femme, et en ce mois de mars où on célèbre de la femme, la présidente de la Ligue tchadienne des droits des femmes, Épiphanie Dionro  demande que les femmes en tant que être humains soit respectée avant qu’on ne parle de ses droits. « Je ne me sens pas protégée parce que le Tchad est un pays d’insécurité pour les femmes en général et nous les militantes », assure-t-elle.

Autre le mutisme des autorités et l’impunité dont jouissent les présumés auteurs de crimes et autres exactions des droits de femme, ces organisations ont pointé du doigt l’inaction de la femme tchadienne elle-même. «Les femmes sont en colère parce qu’on ne sait pas pourquoi on les tue ?Pourquoi un homme va dégainer son couteau pour éventrer une femme. J’en appelle donc à la solidarité de toutes les femmes dans la lutte contre les féminicides dans le pays », fustige l’avocate principale de Public interest law Center, Me Delphine Djiraïbé.

Présente aux obsèques, la ministre de la femme, de la famille et la protection de l’enfance Amina Priscille Longoh a condamné un acte «odieux». «Je voudrais condamner cet acte odieux d’un autre âge. Au-delà que la regrettée soit une femme, c’est la valeur d’une vie humaine dont nous déplorons la disparition de la plus tragiques des façons», précise la ministre.

Elle a assuré que «les auteurs » du meurtre ont été identifies et interpellés.  « Que la procédure suive son cours afin que la justice lui soit rendue», annonce-t-elle.

Au lendemain des obsèques de cette dame, deux autres femmes ont été assassinées dont l’une à Moundou, dans la capitale économique du pays pour «crise de jalousie».

Adama Gassi

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