Burundi : le calvaire quotidien de certaines veuves

Stigmatisation, discrimination, menaces d’expulsion du toit conjugal, perte de source de revenus, droits bafoués…, voilà les difficultés qu’endurent certaines veuves au Burundi.

D’un air triste, Susan, une veuve  vivant en commune Isare de la province Bujumbura nous raconte son calvaire. Elle est originaire de la colline Benga dans la commune Isare, mariée depuis 2010, elle est mère de cinq enfants.

Veuve depuis 2020, elle dit mener une vie difficile. Du jour au lendemain, sa vie bascule. « Depuis que je suis devenue veuve, je subviens seule aux besoins de la famille. C’est à peine que je parviens à nourrir mes enfants. « A part le choc de la perte de mon mari, je me sens abandonnée. Personne du côté de ma belle-famille ne me soutient. Personne n’intervient dans la scolarisation de mes enfants » raconte-t-elle, les larmes aux yeux.

Susan est une habitante de la zone Gihosha. Elle est veuve depuis 2015. Mère de deux fillettes, elle vit dans la tourmente. Ses beaux-frères la menacent d’expulsion du domicile conjugal, voulant s’accaparer des propriétés foncières laissées par son mari défunt.

Selon elle, sa sécurité physique se trouve menacée et est exposée à un traumatisme psychique constant : « Tout commence avec la mort de mari. Je suis traitée de tous les noms, tantôt d’étrangère, tantôt de femme illégale. »

Octavie Ntakarutimana, présidente de l’Association des veuves responsables (AVR), fait savoir que les veuves font face à de nombreux défis, dont la marginalisation et la discrimination : « Quand une femme perd son conjoint, elle est marginalisée, déconsidérée, sous-estimée. Elle entre dans ce que j’appellerai le « drame silencieux. « Des fois, c’est la famille biologique de la veuve qui intervient pour aider les orphelins ».

Elle recommande une assistance psychosociale et juridique à l’endroit des veuves. Pour elle, il faut des centres d’écoute, de conseil et d’orientation des veuves.

Selon Marie Louise Baricako, présidente de Mouvement des femmes et filles pour la paix et la sécurité, le Manque d’information sur les biens acquis ou les engagements pris par leurs maris, manque d’information sur ses droits et les lois qui la protègent sont des défis auxquels font face certaines veuves.

La première recommandation adressée à l’État et ses institutions en charge de la promotion de la femme ainsi qu’à nous toutes organisations de défense des droits des femmes, c’est de promouvoir l’éducation des filles et des femmes, ainsi qu’assurer l’autonomisation économique des femmes, pour qu’elles soient vraiment indépendantes et capables d’assumer leurs responsabilités quelles que soient les circonstances de leur vie.

Il faut aussi former et informer les femmes sur leurs droits et leurs obligations.
Les hommes mariés ont encore pour certains un travail à faire pour reconnaître véritablement que la femme est une compagne qu’il faut considérer et garder à ses côtés, en l’informant et lui faisant participer aux affaires de la famille ; Le fait de la garder au même niveau d’information préserve la famille de certains de ces défis énumérés plus haut

La loi peut donc exister, mais si les bénéficiaires n’en sont pas informés et ne savent pas comment y faire recours, elles ne vivront jamais dans le droit que leur assure cette loi. C’est le cas pour beaucoup de veuves au Burundi.

Par Hadwig Light

source:IWACU

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page