Centrafrique : La nouvelle constitution, passage en force ou volonté du peuple ?

La nouvelle constitution votée le 30 juillet 2023 vient d’être promulguée par le Président Faustin Archange Touadéra, ce 30 aout 2023. Un passage en force ou une volonté du peuple ?

La République Centrafricaine va entrer alors dans la 7e République avec la promulgation de cette nouvelle constitution qui ne limite plus le mandat présidentiel et qui augmente de 5 à 7 ans la durée d’un mandat présidentiel.

Ce processus a fait couler de l’encre car, déjà pendant la pandémie de la Covid-19 en 2020, le gouvernement avait tenté de prolonger le mandat du Président de la République et des députés alors que leurs mandants arrivaient à terme. La Cour Constitution avait rejeté la demande et les élections ont lieu fin décembre 2020 dans un contexte des violences armées et de la crise de Covid-19.

C’est en 2021, lors du dialogue République que les partisans du pouvoir remettent sur la table l’idée de la modification de certaines dispositions de la constitution. Cette idée a été soutenue par une partie des élus de la Nation qui en ont fait une proposition concrète des dispositions à modifier ou des rajouts.

Après plusieurs manifestations de soutien à la modification de la Constitution, le gouvernement opte pour l’écriture d’une Nouvelle Constitution en lieu et place de la modification partielle. La Cour constitutionnelle annule les décrets nommant les membres du comité de rédaction de cette constitution, sa présidente Danièle Darlan évincée et mise à la retraite. Le gouvernement poursuit son coup de force de doter le pays d’une nouvelle constitution. C’est ainsi que le 30 juillet 2023, les électeurs ont été convoqués aux urnes sur l’ensemble du territoire pour se prononcer sur cette nouvelle loi mère. Avec un taux de participation de 57%, la Nouvelle Constitution a été votée à plus de 95%.

En effet, l’histoire de la République Centrafricaine est marquée par une instabilité politique chronique depuis son accession à la souveraineté internationale le 13 aout 1960.  Le gouvernement a profité de l’instabilité politique permanente et des tensions sécuritaires pour user de force et faire passer cette loi mère. Le peuple à majorité analphabète a juste joué au fanatisme en se laissant faire, sous prétexte de préserver le climat de sérénité retrouvé dans le pays.

Alors, ce projet apparait comme un coup de force en dupant le peuple docile et qui ne veut plus revivre les moments sombres des violences armées dans le pays. Même si la RCA sort de très loin, la priorité du peuple n’était pas de doter le pays d’une Nouvelle Constitution. Ce peuple veut vivre en paix, participer à la construction des routes, des écoles, de l’armée, des hôpitaux et d’un système de gouvernance démocratique efficace dans lequel, le respect des droits de l’homme doit être de vigueur.

Notons que l’opposition appelle à une mobilisation pour barrer la route à la mise en œuvre de ce projet « suicidaire pour la démocratie). Cependant, rien ne prouve que cette opposition largement critiquée par la population puisse réussir à faire face à la machine de Touadéra avec l’aide du Rwanda et de la Russie.

Par Jean Ngbandi

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